27 janvier 2022
Méthode sociologique, vie et alimentation à bord
Christophe Martinelli – Directeur des Partenariats et de la Qualité : « Margot, nous avons regardé ta vidéo passionnante sur la sociologie, cela m’a inspiré une question : tu dis qu’analyser sociologiquement le comportement du groupe nécessite sa propre extériorité. Quelles sont les protocoles techniques ou les méthodes scientifiques pour y arriver ?”
Margot Legal, Sciences sociales – C’est là toute la difficulté des sciences sociales. Il est vrai qu’au début de l’expédition on me regardait du coin de l’œil et certains comportements ont pu être inhibés par ma présence. De même que nous ne pouvons jamais être totalement objectif en sciences sociales car nous restons des êtres humains parmi d’autres humains. C’est la particularité, mais aussi la richesse, de cette discipline. L’enjeu est donc de minimiser voire neutraliser cette influence.
Pour cela nous tenons un journal de terrain pour y noter toutes nos observations en y associant notre ressenti du moment. Dans un deuxième temps, à la relecture de ces notes quelques jours plus tard, nous aurons une approche plus objective de notre analyse en éliminant les événements extérieurs qui auraient pu altérer notre jugement sur le moment.
Louis Maxime, Responsable Informatique : “Cette aventure est tout aussi incroyable sur le plan humain. Comment vous êtes-vous préparé en amont de l’expédition et qu’est ce qui est le plus difficile à vivre depuis votre départ ?”
Lana Lenoury, Biologiste – Nous n’avons pas eu de préparation pour vivre ensemble à proprement parler. Cela fait près de 3 ans que nous nous côtoyons tous les jours ou presque, et encore plus sur les derniers mois précédant le départ. Nous avons naturellement appris à être intrusifs dans la vie des uns et des autres et à l’accepter.
Après 3 mois d’expédition, on ne peut pas dire qu’il y ait eu de moment difficile à vivre. Le plus dur c’est le rapport au temps. En mer, les journées se ressemblent, semblent assez vides et pourtant le temps passe à une vitesse folle.
Le plus frustrant c’est le décalage entre notre bonne condition physique et les conditions de vie à bord. En fonction de la météo et de l’état de la mer, il y a eu plusieurs jours où nous ne pouvions rien faire.
Clément Astruc-Delor, Biogéochimie des matériaux – Ce changement brutal de rythme entre nos études, le montage du projet, l’association, les échanges avec les partenaires et la vie à bord est perturbant. Entre les Canaries et les Malouines nous n’avons eu quasiment aucun contact avec le monde extérieur. L’émotion était forte lorsque nous avons revu une entrée de côtes après ces dizaines de jours de traversée.