13 janvier 2022
Les relations humaines à bord et comment va se dérouler l’exploitation des données recueillies
Romain Calvez – Responsable des Ventes : “ Après ces quelques semaines passées en mer, vous êtes maintenant au tiers de l’expédition, quels sont vos premiers retours sur les relations humaines à bord ?”
Margot Legal, Sciences sociales – Dans un groupe de recherche, les relations humaines prennent une place importante et conditionnent l’approche scientifique. Sur un voilier ce paramètre est exacerbé de par la proximité forcée des membres de l’équipage.
Par exemple, l’électricité est une ressource précieuse à bord et elle se doit d’être rationnée. Dès les premiers jours, nous nous sommes rendu compte qu’il n’allait pas être possible de traverser l’Atlantique avec les protocoles imaginés. L’équipe a dû se concerter pour faire des choix forts et aménager les protocoles. Nous avons débranché le surgélateur à -80°C, pourtant essentiel à la conservation des prélèvements, car après concertation avec un collège de chercheurs nous avons pu trouver une solution alternative.
Cela aurait pu créer des tensions à bord mais, au contraire, ces aventures nous ont permis de renforcer la cohésion en nous obligeant à comprendre et maîtriser les protocoles de chacun.
Grégory Smith – Responsable des Interventions Techniques – “Vous avez commencé les prélèvements et il y en aura plein d’autres d’ici votre retour. Avez-vous une idée du temps d’analyse nécessaire avant les premières conclusions ?”
Clément Astruc-Delor, Biogéochimie des matériaux – Il faut savoir que l’analyse se fait en deux temps. Nous transformons les prélèvements en données exploitables dans des tableaux excel et, pour cela, il faut compter 3 à 6 mois. Et c’est seulement après que démarre le travail d’interprétation qui peut prendre plusieurs années. Les données vont également entrer dans le pot commun des bases de données scientifiques et pourront servir à d’autres analyses.
Lana Lenoury, Biologiste – Sur mes protocoles je vais recueillir deux types de données : topographiques et biologiques. Plus l’expédition avance et plus je m’aperçois que le volume de données me permettrait de faire une thèse sur 3 à 4 ans. Nous ne sommes pas non plus à l’abri de bonnes surprises qui nous amèneraient à adapter nos protocoles pour le bien des recherches scientifiques. Cela serait autant de données en plus à analyser. Il va donc falloir être patient. Et nous n’avons pas encore pris en compte la mutualisation de données pour des interprétations croisées.
Sophie Attard – Administration des ventes – “ Allez-vous comparer vos données avec d’autres études pour voir les différentes évolutions au cours des années ?”
Clément Astruc-Delor, Biogéochimie des matériaux – Si on prend l’exemple de la biogéochimie, c’est un domaine où les protocoles sont standardisés dans le but de faire des analyses comparatives entre les recherches. Nous avons déjà à l’esprit plusieurs campagnes avec lesquelles nous allons pouvoir comparer nos jeux de données sur les mêmes zones ou dans des zones différentes de l’austral.